bliss ✿ you stuck to me and i stuck to you

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Hurla la brunette en débarquant en trombe dans le salon. Son père était sur le canapé, se tenant la tête entre les mains, le corps parcouru de spasmes. Son frère était prostré près de la fenêtre, le regard fixé au loin, totalement perdu. Bliss n’avait reçu aucun coup de téléphone, personne n’avait encore eu le temps de la prévenir. Et pourtant, au beau milieu d’un cours de sociologie elle avait ressenti cette douleur soudaine lui étreindre le cœur et elle avait su. Elle avait su immédiatement que quelque chose de grave était arrivé. Elle ne pouvait dire précisément quoi ni à qui mais elle savait que ça concernait sa famille. Il n’y avait rien de plus précieux à ses yeux et elle n’avait jamais eu un pressentiment si violent. Elle ne pouvait peut-être pas expliquer comment ni pourquoi elle ressentait certaines choses mais elle avait appris avec le temps à faire confiance à son instinct. Et pour cette raison elle quitta le cours sur le champ. Elle pria durant tout le trajet qui la séparait de chez elle que pour une fois elle se soit trompé, ou que ce ne soit pas si grave qu’elle le pensait. Malheureusement c’était comme si elle avait été fixée avant de pénétrer dans la villa familiale. « Papa… Josh… Où est maman ? » Sa voix était faible, prête à se briser pour ne plus jamais être la même. Son père n’eu pas le courage de lever les yeux vers elle, Joshua se tourna doucement pour croiser son regard. Il n’eu pas besoin de prononcer un seul mot, elle comprit. Elle se glissa dans les bras de son aîné alors que les larmes se déversaient silencieusement sur ses joues. Elle n’appris que quelques heures plus tard que le décès de sa mère avait eu lieu un peu plus haut sur une route escarpé, une animal avait bondit devant le break, elle avait perdu le contrôle. Morte sur le coup. Elle n’avait pas souffert. C’est que les policiers lui annoncèrent un peu plus tard. Elle ne chercha pas à savoir si c’était vrai ou s’ils le lui avait dit simplement pour lui éviter une peine encore plus grande. Ca n’avait pas d’importance. Sa mère avait disparu. Pour toujours et à jamais. Elle passa six mois sans prononcer le moindre mot, la plupart du temps prostrée dans sa chambre. Elle culpabilisait de ne pas avoir senti cet évènement venir, de ne pas avoir pu l’empêcher de se produire. Elle s’en voulait, terriblement. Mais précisément un an après la disparition de sa mère, Bliss senti sa présence. Elle ne voyait pas son spectre non, ce n’était pas une histoire d’apparition ou de fantôme, mais une nuit, après avoir encore passé des heures sur sa tombe, elle senti sa mère à ses côtés. Depuis ce jour elle retrouve peu à peu le goût de vivre, de sourire. Elle reste encore très fragile, renfermée, mais savoir sa mère à ses côtés à veiller sur elle semble la rassurer et lui donner envie d’avancer…

« Je pense qu’il y a des choses que l’on ne peut expliquer. » Un petite filet de voix, calme mais ferme, s’était frayé un chemin dans le brouha ambiant. Toutes les têtes se tournèrent brusquement vers elle et la jeune fille piqua un fard. Elle détestait s’exprimer en public, en fait elle détestait s’exprimer tout court, mais là elle ne pouvait se taire. Le bar entier s’était lancé dans un débat sur les récents évènements étranges qui avaient eu lieu à Adélaïde et c’était un thème qui tenait bien trop à cœur à Bliss pour qu’elle laisse sa timidité l’empêcher de donner son avis. Les sourcils arqués, attendant qu’elle développe son propos, les quelques vingt personnes présentes semblaient suspendues à ses lèvres et la brune en rougit de plus belle. « Je… Je veux dire qu’il faut cesser de toujours vouloir donner une explication aux évènements. La raison n’explique pas toujours tout. » De petits rires fusèrent et beaucoup détournèrent les yeux de Bliss. Elle était réputée pour être ‘étrange’. Pour être honnête beaucoup de monde sur l’île la prenait pour une folle. Pour quelle raison ? Disons que sa passion pour la nature, l’étude des peuples et des croyances, son intérêt peu commun pour les sciences occultes et le mysticisme, jouaient un rôle dans cette réputation qu’elle s’était faite. Alors évidemment personne ne s’étonnait qu’elle ne soit pas partisane de l’explication rationnelle des évènements récents. Elle était née dans l’une des plus anciennes familles de la ville, à vrai dire elle descendait même des aborigènes, c’est ce qu’elle avait découvert en faisant des recherches sur sa généalogie. Elle était très fière de ses origines et les assumait parfaitement. Peu de gens étaient au courant mais c’était surtout, et seulement, parce que la belle ne se confiait pas au premier venu sur sa vie, son passé… Son arrière grand-mère lui avait appris quelques années plus tôt qu’elle était dotée de capacités hors normes. Bliss avait tout d’abord cru que c’était simplement le discours d’une grand-mère fière de la réussite de sa petite-fille mais non, Grams parlait bel et bien de facultés innées à la jeune femme et surtout inexplicables par le commun des mortels. Attention on ne parlait pas ici de pouvoir surnaturel comme déplacer des objets par la pensée ou se téléporter, mais Bliss avait la capacité de ressentir des choses, de connaître une personne, des éléments passés, présents, futurs, de sa vie, simplement en l’observant. Evidemment peu de gens y croyait et c’était pour cette raison qu’elle était réputée folle mais elle ne prêtait pas attention aux dires des habitants. Elle avait accepté son don depuis longtemps et n’allait pas laisser une poignée de gens trop terre à terre la déstabiliser. Ces récents évènements n’étaient donc guère pour la surprendre. Elle avait toujours ressenti la présence des aborigènes autour d’elle, elle savait qu’ils n’avaient pas quitter Adélaïde, du moins pas totalement, et que leur âme, leur esprit, était toujours rattaché à ces terres. Peut-être voulaient-ils leur faire comprendre que ce territoire était sacré. Bliss ne pouvait qu’approuver tel constat… Quitte à passer une nouvelle fois pour la folle de la ville…